On dit que « L’homme qui veut s’instruire doit lire d’abord, et puis voyager pour rectifier ce qu’il a appris ». Ainsi, si votre souhait est de découvrir Madagascar et que vous vouliez voir au-delà du côté exotique du pays et des lémuriens, découvrons ensemble l’une des richesses les plus importantes de l’île : la population et la langue de Madagascar.
La population : des chiffres qui ne mentent pas
Avec un taux d’accroissement annuel d’environ 3 %, Madagascar compte aujourd’hui 25,64 millions d’habitants. 83 % d’entre eux vivent en milieu rural et les 17 % restants en milieu urbain. Sa population est caractérisée par son extrême jeunesse avec 64 % de moins de 25 ans et 47 % de moins de 15 ans. Un chiffre qui paraît ahurissant dans un contexte où près de 80 % des Malgaches vivent avec moins de 1 $ par jour et environ 64 % qui sont analphabètes.
Malgré ces chiffres qui nous attestent que l’île figure parmi les plus pauvres au monde, il faut savoir que cette population fait partie de la beauté de la Grande Ile. Le plus important à retenir est que la population malagasy se compose de 18 grandes ethnies avec chacune leur culture, mais réunies en une langue commune : le malagasy. Au sein de toute cette nuance se trouve un peuple chaleureux et timide en même temps, attachant et multiculturel, un mélange de l’Asie et de l’Afrique. Le cosmopolitisme malgache offre une richesse culturelle unique au monde.
Une origine intrigante, un peuple intrigant
L’histoire des origines malgache reste à ce jour une énigme. L’éternel débat entre Africain ou Asiatique frustre autant les nationaux, les scientifiques que les touristes. Contre toute logique, un consensus tend à croire que les premiers établis à Madagascar viennent des pays austronésiens, et non de ses voisins du Canal de Mozambique, à seulement 400 km. Une question existentielle qui explique la singularité de la population de l’île. Le mystère de l’origine malgache s’intensifie du fait que si les premiers établis furent les Asiatiques, les récentes études scientifiques sur la question ont établi que les Malgaches sont génétiquement Africains à 66 %. Son caractère insulaire explique la singularité de cette dualité identitaire, devenant une identité à part entière.
Une identité pour un peuple mixte et une culture mixte
Pour faire simple, les influences les plus marquées sont par exemple les traits indonésiens des hauts plateaux, autour de la capitale vers Fianarantsoa. Aussi, le type africain qui est généralement observé sur les côtes, plus au Nord vers Diego et ses environs et au Sud à partir de Ranohira jusqu’à Tuléar et ses alentours, notamment chez les ethnies Bara ou Makoa. De là, vous comprendrez mieux au cours de votre voyage la dualité afro-asiatique des Malgaches quand vous découvrirez les kilomètres de rizière en étage, le culte des ancêtres, le totémisme, le mélange intriguant des yeux bridés et de peaux bronzées de toutes les variations du beige, marron au noir, la petite taille des habitants des hauts plateaux et les silhouettes plus élancées sur les côtes. Le reste de la population étant composé de métissage entre les deux traits afro-asiatiques, avec un soupçon de mélange d’autres races.
En effet, au fil du temps, les immigrations des pays de l’océan Indien et de l’Arabie ont aussi composé le métissage des Malgaches. Aujourd’hui, nous pouvons aussi compter les minorités chinoises, indo-pakistanaises, comoriennes et françaises. Leur influence se traduit beaucoup dans la restauration entre autres. Outre les plats malgaches à base de riz, les menus sont souvent composés de salades, de foie gras ou de cuisson au vin à la française, de pizza et pâtes à l’italienne, des bases de sauce au coco ou épicées d’influence comorienne et indienne, ainsi que de légumes sautés, soupe, sauce soja et porc à la chinoise. Ces derniers sont aussi présents dans la partie Est et le Sud-Est de l’île, du côté de Mananjary ou Tamatave, où vous aurez du mal à les différencier de certains Malgaches, tant ils se ressemblent.
Néanmoins, si ce cocktail de race explique le cosmopolitisme et la richesse culturelle de l’île, la population s’identifie par une forte uniformité culturelle : être malgache.
Le Malagasy
Le plus grand témoin de l’homogénéité du peuple malgache est la langue officielle de l’île qui s’appelle « Le Malagasy ». D’origine austronésienne, elle est dérivée du dialecte des hautes terres centrales, parlé dans toute l’île, malgré des dialectes variant selon les régions. Les Malgaches se comprennent entre eux, peu importe dans quelle partie de l’île ils se trouvent. La langue qui s’y rapproche le plus est le Maanjan, parlée dans le Sud de Bornéo. Tout comme ses locuteurs, le malagasy a été métissé au fil du temps par des influences du swahili et de l’arabe au tout début, puis des différents anglicismes et gallicisme à ce jour. Le mot « Latabatra » est, par exemple, dérivé du Français « la table » et les jours de la semaine en Malagasy sont directement tirés de l’arabe.
La langue malgache est également reconnue pour sa sagesse et sa complexité à travers les jeux de mots, les proverbes, les noms de ville ou de personnes, etc. Elle est particulièrement un art lorsqu’elle prend la forme de Kabary, un discours métaphorique et cadencé exécuté traditionnellement lors des cérémonies importantes. Ses traductions sont souvent très poétiques et fastidieuses. De ce fait, ils s’interprètent tant au sens littéral que figuré. Ainsi, la capitale Antananarivo se traduit par exemple par « La ville des milles », symbole de force signifiant originellement « village fortifié par mille soldats ». L’appellation des ethnies a chacune une signification particulière. On peut citer à titre d’exemple les Antaifasy ou « peuple du sable », Antandroy ou « peuple des épines », Betsimisaraka ou « les nombreux inséparables ». Les appellations symbolisant la particularité de l’ethnie, ou une description de leur mode de vie et localisation.
La longueur et complexité des noms malgaches est de notoriété mondiale. Ils retracent les secrets et l’histoire des familles ou relatent un destin particulier que l’on souhaite à son propriétaire. Pour preuve, Madagascar détient le record mondial du nom de chef d’État le plus long de l’histoire, au total 44 caractères. Si vous trouvez le nom complet du monsieur, encore faudrait-il que vous arriviez à le prononcer. En effet, il faut savoir que la langue Malagasy a quelques spécificités : le « o » se prononce « ou » comme dans « chou » ; les lettres « tr » et « dr » se prononcent comme dans l’anglais « trump » et « dream » ; le « r » est roulé comme en italien, et bien d’autres règles propres à son ensemble linguistique. Bref, si vous avez le courage, amusez-vous à demander et prononcer le nom complet de vos rencontres lors de votre séjour et demandez-leur la signification. Sinon, vous pouvez toujours apprendre quelques mots usuels en Malgaches, vous gagnerez un sourire des locaux et leur réchaufferez le cœur.
En somme, tant la population que la langue malgache sont complexes. Mais cette mixité représente justement la plus grande richesse culturelle de l’île. Bien que nous ayons survolé les spécificités de la population malgache, tout est encore à découvrir. Outre la signification de leur appellation, chacune des 18 ethnies malgaches a leur propre culture, histoire et tradition que vous aurez le loisir de découvrir à chaque étape de votre voyage. Avec la mondialisation et le développement de la technologie, les traditions et la mentalité changent et vous vous ferez votre propre opinion de la société malgache d’aujourd’hui. Cela nous fait revenir à la citation citée au tout début de cet article. Elle est tirée du mémoire de Giacomo Casanova. Oubliez son côté libertin et retenez son côté aventurier. Ne croyez pas sur parole ce que vous lisez ou en entendez parler, vérifiez par vous-même et expérimentez l’hospitalité légendaire des Malgaches. Découvrez son peuple et racontez ce que vous avez appris. Et sur ce, bon séjour sur l’île Rouge.