La ville d’Iharana, nom malgache de Vohemar, passerait presque inaperçue sans ses innombrables plantations de vanille, l’hospitalité de ses habitants et sa magnifique baie. Cette cité de 30 000 âmes renferme pourtant une histoire riche en rebondissements, depuis l’arrivée des Perses et des Arabes vers le VIIIe siècle jusqu’au début de l’expansion du Royaume Sakalava. Peu connu, le lac d’Andranotsara, surnommé le lac Vert, se trouve à quelques kilomètres de la ville. Mythes, légendes et tabous entourent ce point d’eau, faisant partie des incontournables d’Iharana.
Lac d’Andranotsara : entre sciences, mythes et légendes
Situé à 7 km au nord de Vohémar, le lac d’Andranotsara se reconnaît facilement par sa couleur verte. Un mystère pour bon nombre des autochtones, l’origine de cette teinte trouve pourtant une explication scientifique et rationnelle. Son reflet vert résulte en effet de la réaction des algues microscopiques peuplant ses eaux au contact de la lumière du soleil. La nuance du vert varie ainsi en fonction de l’intensité lumineuse : de vert sombre en début de matinée, elle vire au clair aux alentours de midi.
L’explication de cette coloration selon la légende est tout autre. Autrefois, un village paisible se trouvait à l’emplacement du lac. Mais après une mésentente avec les villageois, un monstre à sept têtes surgit de la mer et attaque la petite localité. Sous le poids de la bête le sol du village s’effondre, suite à quoi le monstre invoque les génies pour faire tomber une pluie diluvienne sur la place, la transformant en lac. Les villageois se réincarnent alors en crocodiles.
Ce mythe reste très ancré dans la culture locale : les habitants alentour vénèrent les sauriens comme leurs ancêtres et demandent régulièrement leur bénédiction lors de cérémonies et rituels spécifiques. Ces rites sont toutefois « fady » — interdits – aux étrangers, à moins de bénéficier d’une autorisation spéciale.